Samedi 17h30. La nuit était tombée, je ne pouvais plus jardiner ni transporter de cailloux. L'Homme était endormi devant la télé, entouré de ses enfants, bien éveillés. J'ai retiré mes vêtements de travaux, les lacets durcis par le ciment, me suis rapidement douchée et puis ai sauté dans ma souris pour aller faire quelques courses. Le midi, j'avais eu droit à un "y'a encore plus de bière", suivi de "i restera plus de perrier après cette bouteille", et, ô horreur, le pain de mie manquait depuis deux jours. Cette fois, j'avais trouvé une place devant la boucherie. En allant ranger mon caddie, je suis passée devant la vitrine éclairée de Florence shoes. A l'intérieur de la boutique, un client essayait une paire de chaussures, sous le regard professionnel d'un quarantenaire fashion victim, qui portait The jean, the shoes, et the coupe of chevaux. Près de la caissen une maigrelette platinée machouillait un chewing gum. Elle portait une ceinture métallique, présentait un espace bizarre entre le cuisses moulées par un pantalon noir, et de loin, les placards de fond de teint faisaient ressortir ses queues de rat. L'éclairage m'a interpellé. Cette lumière brillante de vitrine. Pas vue depuis si longtemps...Le côté chaleureux de l'intérieur de la boutique. Les chaussures, en vitrine, surtout ces bleu et noir, dont le cuir donnait envie de les caresser, les respirer, les essayer...
J'ai tout à coup réalisé que ça faisait des lustres que je n'avais pas fait de "shopping". Léché de vraie vitrine. Acheté un truc prodigieusement inutile et pas réfléchi. Autre chose que de la nourriture ou des outils et des matériaux. Un an? deux? peut-être plus encore...
En être réduite à rêver devant Florence Shoes...
Je devrais te présenter certaines mamans de l'école de mes enfants. Je pense que ça doit faire 20 ans qu'elles n'ont pas fait une journée sans shopping ! Crois-moi, c'est beaucoup plus déprimant quand on y pense ! Dire que leurs cervaux sont disponibles pour les pubs de TF1 est un euphémisme!
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