Quand tu parles d’elle, tu emploies, sans le vouloir, des
expressions légèrement méprisantes. Comme si tu avais du mal à dissimuler ta
pensée profonde. Parfois, tu t’en rends compte. Alors, tu cherches une
justification. « Elle a réellement une petite voix, tu sais ». Mais
ça revient, ne serait-ce que dans le ton légèrement apitoyé avec lequel tu
rapportes ses paroles. Ou bien les « quand même elle me fait rire », « la
pauvre », « non mais franchement », « je l’admire », « ça
doit pas être drôle pour elle ».
Je te l’ai fait remarquer. Tu t’en es défendue. Mollement.
Je pense que tu te méfies d’elle. Elle t’a fait quelques
crasses. Elle te fait un peu pitié, dans un sens. Elle t’amuse. Mais tu veilles
au grain. Tu sais que sa morale est élastique. Qu’elle seule compte. Tu l’as d’ailleurs
très justement surnommée. Dans ta voix, dans tes mots j’entends ce que Delerm a
écrit dans ses « enregistrements pirates » au chapitre « ptite
mère ». Cette petite fille que l’on qualifie ainsi, parce qu’un petit
détail indicible, dans son attitude, fait présager de son devenir. P’tite mère.
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