lundi 17 septembre 2012

Quand tu parles d'elle


Quand tu parles d’elle, tu emploies, sans le vouloir, des expressions légèrement méprisantes. Comme si tu avais du mal à dissimuler ta pensée profonde. Parfois, tu t’en rends compte. Alors, tu cherches une justification. « Elle a réellement une petite voix, tu sais ». Mais ça revient, ne serait-ce que dans le ton légèrement apitoyé avec lequel tu rapportes ses paroles. Ou bien les « quand même elle me fait rire », « la pauvre », « non mais franchement », « je l’admire », « ça doit pas être drôle pour elle ».
Je te l’ai fait remarquer. Tu t’en es défendue. Mollement.
Je pense que tu te méfies d’elle. Elle t’a fait quelques crasses. Elle te fait un peu pitié, dans un sens. Elle t’amuse. Mais tu veilles au grain. Tu sais que sa morale est élastique. Qu’elle seule compte. Tu l’as d’ailleurs très justement surnommée. Dans ta voix, dans tes mots j’entends ce que Delerm a écrit dans ses « enregistrements pirates » au chapitre « ptite mère ». Cette petite fille que l’on qualifie ainsi, parce qu’un petit détail indicible, dans son attitude, fait présager de son devenir. P’tite mère. 

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