samedi 3 janvier 2015

Arlette cherche à adopter un terrier.

Elle appelait cela "une chambre à soi". Pour d'autres, c'est un terrier.
Un endroit spécial par ce qu'il vous fait vous sentir "bien". Feel secure.
Ce lieu, je le cherche depuis longtemps, sans encore l'avoir trouvé. A chaque fois que "ça aurait pu le faire", un hic m'a délogé.
Le nomadisme des devices mobiles et des clouds a ses limites, incompatibles avec ce qui fait du terrier un terrier.
On ne peut pas adopter un endroit d'où l'on est délogé à heure fixe par de petits bonshommes casqués. On ne peut pas adopter cette pièce cocon d'où il faut décamper dès que l'envie filmique d'un autre pointe le nez. Non plus cette future salle de bain, inutilisable de nuit.
Pas non plus de remède en gouttes ou en pilule à cette impression désagréable d'être en sursis sur un coin de table, apercevoir un regard désapprobateur sur les indispensables appendices qui s'amassent inévitablement autour du coeur du terrier, et qui en font son essence.
Alors, dernière possibilité avant de renoncer définitivement, la mini-villa baptisée "Jane Austen". Conçue dans l'esprit de Virginia, pour devenir un potentiel ancrage, si elle daigne m'adopter.

Pourquoi maintenant? Phase introspective et encore plus chiante que le début de ce billet. Des déclencheurs multiples. Des événements récents, discussions sérieuses, décisions froides, puis cette visite chez une orthophoniste pour le bilan du Bambin, ce bureau disparaissant sous des piles de dossiers, de jeux, de trousses, des tasses, du tissu, des tapis, la terrasse avec ses meubles de jardin. Un cocon à l'image de l'occupante, qui disait "ici, je me sens bien, et c'est le décor de ma vie".
Je ne réussirai jamais à concentrer ma vie sur un cloud relié à un téléphone et un ordinateur. Même si je m'y efforce très fort, le Zéro papier signifie pour moi le Zéro tout court. Je multiplie les carnets, passe de l'un à l'autre avec une sincérité et une conviction qui paraissent de l'inorganisation et du bordélisme patentés aux yeux des organisés. J'écris mes pense-bête dans un agenda papier que j'ai mis 2 mois à choisir, sur le tableau du séjour pour l'avoir sous les yeux à chaque instant, sur des papiers que je colle ensuite pour ne pas les perdre. Indécrottable.

Pour l'instant, nous nous approchons, Jane Austen et moi. J'ai installé une grande table de biais par rapport à la baie principale. J'expérimente ce que les yeux des hôtes captent lorsqu'ils vivent cette maison. Je tourne le dos à l'écran de télé, je joue avec les rideaux découvrant ou masquant le lit que j'ai laissé accueillant.

Et je traque les araignées à l'huile de lavande.

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