vendredi 16 janvier 2015

Arlette et l'après Charlie

Moi, j'aime pas les défilés. Sauf avec une fourrure, la musique et un plumeau. Je me fiche qu'on me qualifie de "nombriliste", parce que je sais que c'est une réaction au premier degré. D'ici quelques jours, les placards noirs et blancs auront disparu, parce que business is business et que Charlie ne fait déjà plus recette.
Des chiffres? Sur facebook, tout le monde est redevenu soi-même, et très vite ce seront les "petites phrases" qui préoccuperont de nouveau les medias. (tu sais pas, he ben, Sophie elle a dit que ton bracelet eh ben, il était nul. On la cause plus. En tout cas, moi, je la cause plus. t'as bien raison parce qu'elle a dit l'autre jour que tu partageais jamais tes bonbons alors que toi, tu réclames toujours son goûter...")

Arlette est... une fille bizarre. Qui s'émeut parfois à s'en rendre malade, mais qui peut rester de marbre quand il s'agit, non pas de faire du vent pendant quelques minutes, mais de se demander comment changer tout ça une bonne fois pour toutes. Dans ces cas-là, on la regarde comme une sale snob égoïste et on se fait un plaisir de la stigmatiser.
Grand bien vous fasse. Servir d'exutoire au manque de discernement, c'est aussi une fonction tout à fait honorable et utile dans une organisation. Au moins autant que Boute-en-train ou Intégrateur Négatif.

Je côtoie de nombreux jeunes. Tous ont arboré le badge, écrit sur leur trousse, dessiné dans leurs agendas. Certains ont eu des "essay" à rédiger. "qu'est ce que la liberté d'expression?" etc.
Ils ont eu droit à la Grand'messe républicaine. Se sont recueillis. En essayant de ne pas pouffer. On leur a fourni de la bonne conscience sur un plateau. Et puis, une fois le bruit revenu, le badge remisé, que reste-t-il?
Arlette, petite fourmi silencieuse préoccupée d'upcycling, ramasse les miettes. L'air de rien. Et toi, qu'est ce que tu pourrais faire pour contribuer à? Ben, j'ai défilé. Oui, mais qu'est ce que tu pourrais faire d'utile, de pérenne? Quelle petite contribution, même infime pourrais-tu apporter?

Apporter à quoi?
A ton avis comment on devient terroriste?.
Pourquoi les fanatismes? les extrémismes? pourquoi le faire-justice soi-même? Pourquoi?
Et on trouve des réponses. Lâcheté, Achat de bonne conscience des politiques. Désintéressement. Manque de créativité. Défaut d'éducation. Abstention et j'enfoutisme...

Du coup, les questions fusent. Ils ont 15 ans, ils vivent dans des milieux hyper favorisés, ils ont peut-être vu un jour une banlieue en photo. Mais ils en sont tellement loin.
Un colibris passe.
Alors, des possibilités, des trucs qu'ils n'auraient jamais imaginé viennent au grand jour: tutorer la petite soeur. Animer un rendez-vous de lecture à l'école du petit frère. Proposer au prof de TPE de rajouter une heure pour présenter aux autres le travail sur Keith Haring. Aller voir un soir, de quoi ça parle à l'aumônerie du coin. Donner un coup de main à Pauline à la prochaine sortie de son groupe de louveteaux.
Contribuer.
Partager. Prendre - et faire prendre conscience qu'on porte chacun une richesse, un savoir, un truc qui peut être partagé et peut-être éviter à un autre de basculer. D'être un jour séduit par le radicalisme sectaire d'une organisation terroriste. Ne pas conserver égoïstement pour soi seul. Etre un acteur du développement durable. Travailler enfin ce pilier social qui est toujours oublié dans la définition.

Agir. Lever ses fesses du canapé. Eteindre TF1. 


jeudi 15 janvier 2015

Hygiène de l'assassin dans mon mange disque

Le premier roman de "l'Amélie". Compatible avec le Tom-tom qui vous guide à travers les rues de Nice.
Un texte très nothombien, comme d'hab, avec un héros obnubilé par la bouffe, comme d'hab, et curieusement assez long.
J'ai retenu de l'entretien avec l'auteurE (comme je déteste la féminisation de ce mot, beuark!), qu'elle lisait chaque année "le portrait de Dorian Gray", qu'elle avait lu 100 fois La chartreuse de parme et la Princesse de Clèves.
Au premier abord on pourrait penser que c'est Oscar Wilde qui mène, mais si vous faites le compte...

J'enchaîne avec Gatby le magnifique.

lundi 12 janvier 2015

Arlette se prend à rêver de dormeuses

Au cours de mon périple Cannois, je suis entrée (puis ressortie) de la boutique Réminiscence.
Depuis longtemps, je suis fan de cette marque, dont je trouve la cohérence et le design global admirable, ou tout au moins collant à mes goûts.

Chez Réminiscence, bien entendu, je n'imagine pas porter ces lourds colliers chamarrés qui attirent l'oeil. Non, moi, c'est la dormeuse. ce qui, pour ceux qui me connaissent...là n'est pas le propos.

La dormeuse quasi incolore. Transparente, Pas pendouillante à l'épaule. La dormeuse raisonnable. Celle qui met en valeur mes tee-shirts blancs l'été, et mes cols roulés noirs l'hiver.

Dans la collection en boutique rue d'Antibes, il y en avait plusieurs paires qui "collaient". Ce qui n'est pas forcément toujours le cas.

Alors, quand ma maman m'a dit "je voudrais te faire un cadeau pour ton anniversaire, je vais à Lille demain...", j'ai pris quelques minutes pour lui envoyer quels dormeuses. A titre d'exemple. Histoire de.

C'est aussi à ce genre de futilités que j'ai pensé lorsque j'ai lu le titre choc de cet article, qui montrait une femme blonde et souriante : "elle n'a rien acheté depuis un an". J'ai pensé, "un an? pfuit! c'est pas un exploit, moi..." et puis je me suis reprise. Il ne s'agissait pas de cela. Pas chaussures, sacs, bijoux, fringues, mais tout. La dame en question, après avoir empli ses placards une année aux soldes, s'était mise à cultiver son jardin, ses poules et ses lapins, pour faire le test de l'autarcie.

Moi aussi, j'aimerais m'offrir le luxe de ne même pas acheter un seul litre d'essence!

dimanche 11 janvier 2015

Arlette et les deux visages de Cannes


Cannes, c'est aussi bien ça, que ça.


Arlette et Charlie, l'embuscade

En langue carnavalesque, une embuscade, c'est se retrouver au milieu de la bande sans l'avoir voulu. Par exemple, en allant faire des courses à Rosendael un jour de mardi gras.
Vers les 11h, il a dit "et si on allait voir la mer?"
Mouré Rouge, bord de mer, croisette. Bon vent, grand soleil, ciel clair, 20°, mémères en maillot de bain sur la plage.
Arrivés au Palais des festival, j'avais envie de monter au Suquet. La croisette, les boutiques, tout çâââ, voui, mais moi, mon Cannes, c'est là haut. Et là, l'embuscade.
Des tas de Charlie, en sportswear chic d'un dimanche à Cannes, qui défilaient jusques aux marches du Palais. 
Un défilé de Charlie, c'est plus lâche qu'une bande. On peut le traverser sans risquer l'asphyxie. Mais ça fait peur quand même parce qu'il n'y a pas de règles ni de fanfare qui dit quoi faire. Du coup, les uns et les autres se sentent un peu désoeuvrés et c'est dans ces cas là que tout peut déraper.
A priori, les bistrots et le Mac Do de la place ont dû faire une bonne journée, comme c'était premier dimanche des soldes, toutes les boutiques de la rue d'Antibes étaient ouvertes. Les défileurs ont donc pu poursuivre agréablement leur balade et se faire des petits plaisirs chez Tara Jarmon, Repetto et Réminiscence. Pourquoi là? Pourquoi pas.
Je me demande qui a commandé le "poster" du Palais. Je me demande aussi si les fournisseurs de cartouches noires ne seront pas en rupture de stock dans les prochains jours.
Je suis épatée de la réactivité et de l'efficacité logistique: badges, affiches, posters, goodies, tout est sorti en clin d'oeil, pro et net. Pas de bricolage maison (sauf le badge de mon Bambin qui trouvait qu'en vert, c'était plus gai).
Mais je continue à m'interroger. Je n'ai pas ressenti l'appel. Mes tripes ne m'ont rien dit. J'ai regardé tout ça, sans trop comprendre pourquoi. Comme quand je suis au spectacle et que tout à coup, la salle se met à claquer dans ses mains. Pourquoi à ce moment-là? Pourquoi moi, ça me laisse froide?
Par bonheur, j'ai encore pas mal de trajets en voiture à faire dans les prochains jours. Et puis, les sociologues vont bientôt nous donner leur avis. Il y aura un dossier dans Télérama. Alors, peut-être que tout s'éclairera...



dimanche 4 janvier 2015

Arlette donne c'est une fille généreuse.

 
Pas seulement des hanches et des bonnets, mais aussi des objets. Donner, c'est un vrai parcours du combattant. il faut stocker l'objet, le photographier, le mesurer, le peser, évaluer son état, le décrire...puis le photographier, s'inscrire sur un site, enregistrer un énième mot de passe, puis poster le tout, attendre la validation, et répondre aux sollicitations qui passent de nouveau par l'appli, bref, un acte courageux.
Mais jeter un objet qui peut encore servir et dont qqun a certainement besoin, c'est encore plus dur. Sauf en cas d'ultimatum conjointesque, avec menaces explicites à la clé.
Donc, en ce moment, à donner : un plat métallique type lèche frite largeur 38 cm, et un sommier à lattes largeur 140 dans un état de propreté étonnamment bon.

samedi 3 janvier 2015

Arlette a fait du riz au lait

Bien entendu, mon fils m'a donné la réplique quand j'ai annoncé "les enfants, j'ai fait du riz au lait"
Je vous recommande chaudement le riz au lait, dont je suis en train de mettre au point la recette.

De nombreux avantages: sain, sans gluten, il remplace avantageusement le pain de la veille au menu du petit déjeuner, constitue un excellent cale-faim en fin de repas léger, et surtout, comme personne n'aime, vous savez que vous pouvez compter sur la boîte que vous avez rangée la veille au frigo.

Ma dernière production s'approche d'une solution qui pourra se pérenniser. Visez un peu et salivez:
Riz spécial dessert Carrefour (en attendant que le palais s'habitue et qu'on puisse passer au riz complet bio-machin qui fait tellement de bien au corps qu'on se demande pourquoi il n'est ps plus connu )/ Lait écrémé "Matin léger"/ sucre même pas roux / pommes/ raisins blonds marinés au rhum.

Le hic (hips!), c'est d'avoir toujours les raisins imbibés sous la main. Pour cela, voici mon secret de ménagère infaillible et prévoyante: un paquet de raisins secs dans un pot de salsifis vide. Remplir de Négrita jusqu'à la gueule et laisser au fond du tiroir. Il faut compter deux jours pour que les raisins soient prêts. en fonction de votre consommation, rien ne vous empêche d'avoir plusieurs pots d'avance...

Le riz au lait. Un dessert à succès.

Arlette cherche à adopter un terrier.

Elle appelait cela "une chambre à soi". Pour d'autres, c'est un terrier.
Un endroit spécial par ce qu'il vous fait vous sentir "bien". Feel secure.
Ce lieu, je le cherche depuis longtemps, sans encore l'avoir trouvé. A chaque fois que "ça aurait pu le faire", un hic m'a délogé.
Le nomadisme des devices mobiles et des clouds a ses limites, incompatibles avec ce qui fait du terrier un terrier.
On ne peut pas adopter un endroit d'où l'on est délogé à heure fixe par de petits bonshommes casqués. On ne peut pas adopter cette pièce cocon d'où il faut décamper dès que l'envie filmique d'un autre pointe le nez. Non plus cette future salle de bain, inutilisable de nuit.
Pas non plus de remède en gouttes ou en pilule à cette impression désagréable d'être en sursis sur un coin de table, apercevoir un regard désapprobateur sur les indispensables appendices qui s'amassent inévitablement autour du coeur du terrier, et qui en font son essence.
Alors, dernière possibilité avant de renoncer définitivement, la mini-villa baptisée "Jane Austen". Conçue dans l'esprit de Virginia, pour devenir un potentiel ancrage, si elle daigne m'adopter.

Pourquoi maintenant? Phase introspective et encore plus chiante que le début de ce billet. Des déclencheurs multiples. Des événements récents, discussions sérieuses, décisions froides, puis cette visite chez une orthophoniste pour le bilan du Bambin, ce bureau disparaissant sous des piles de dossiers, de jeux, de trousses, des tasses, du tissu, des tapis, la terrasse avec ses meubles de jardin. Un cocon à l'image de l'occupante, qui disait "ici, je me sens bien, et c'est le décor de ma vie".
Je ne réussirai jamais à concentrer ma vie sur un cloud relié à un téléphone et un ordinateur. Même si je m'y efforce très fort, le Zéro papier signifie pour moi le Zéro tout court. Je multiplie les carnets, passe de l'un à l'autre avec une sincérité et une conviction qui paraissent de l'inorganisation et du bordélisme patentés aux yeux des organisés. J'écris mes pense-bête dans un agenda papier que j'ai mis 2 mois à choisir, sur le tableau du séjour pour l'avoir sous les yeux à chaque instant, sur des papiers que je colle ensuite pour ne pas les perdre. Indécrottable.

Pour l'instant, nous nous approchons, Jane Austen et moi. J'ai installé une grande table de biais par rapport à la baie principale. J'expérimente ce que les yeux des hôtes captent lorsqu'ils vivent cette maison. Je tourne le dos à l'écran de télé, je joue avec les rideaux découvrant ou masquant le lit que j'ai laissé accueillant.

Et je traque les araignées à l'huile de lavande.

Arlette et les lumières de fin du monde

Ce soir, vers 17h, une lumière rose, nostalgie de fin du monde. J'ai eu la chance de saisir ces instants, mal rendus sur la photo, pisque chus pas pro, et que l'expression des chavirages n'est pas mon fort.

Il flotte dans l'air une sorte de finitude. Et pas que sur la côte d'azur, puisque ceux qui suivent Fish-le-poète ont certainement remarqué que.

Plus qu'une journée de parenthèse. Et aucune autre en vue.

vendredi 2 janvier 2015

Arlette tente de faire des courses au Dia

A chaque fois qu'elle me brandit son" je fais mes courses chez Dia depuis des annees" je sens bien derriere chaque mot le " c'que t'es snob ma pauvre" à peine voilé. Alors, ce matin, en sortant de Briconautes ( quel nom, hein!) je me suis aventuree " au Dia".
Sur la pointe des pneumatiques. Le parking aux trois quarts vide m'a paru engageant. J'ai trouvé facilement un panier à roulettes intact, sans batailler avec la pile. Traversé assez rapidement la zone fruits et légumes, dépassé l'etal de boucherie, rose-blanc agressif, pour gagner la zone marchande. Pour une première je ne me suis pas risquée trop avant: eau minérale gazeuse, lait uht, mouchoirs en papier et brioche tranchée pour le ptit dej des monstres aux dents molles.
Des pousseuses de caddie plus tout a fait enceintes, mais encore très fatiguées, des jeunes, des vieux...mais beaucoup moins de fourrure, de coupes griffées et de cachemire qu'au Casino du Rouret. 
Je commençais à me deglacer quand je suis arrivée à la seule caisse ouverte, derrière une dizaines de caddies pleins. J'avais oublié combien on doit disposer de temps, quand on veut acheter des produits moins chers. 
La cerise : le con qui s'etait tellement collé à ma souris qu'il avait dû en plier le rétro, et m'a obligé à me contorsionner pour réintégrer mon véhicule. 
Voilà pourquoi j'aime bien mon casino de snob. Les cayenne se mettent a cheval sur deux places, et je peux ouvrir ma portiere en grand.

jeudi 1 janvier 2015

Arlette se souvient du temps où elle étudiait le piano

J'étais enfant. Presqu'ado. Le piano, c'était obligatoire. Chaque jour, un temps négocié, soigneusement mesuré à l'aide du minuteur de cuisine. Celui qui surveillait la cuisson des frites du déjeuner du samedi. Péniblement, à intervalles réguliers, il en sortait un "morceau". Une oeuvre apprise par coeur et jouée de bout en bout avec le moins d'erreurs possible. Je ne m'en tirais pas trop mal en général. Technique à améliorer, mais bonne musicalité, disait mon père. Il m'écoutait religieusement jusqu'à la dernière note. Et invariablement, ce dernier accord, dernière bouchée d'un moment agréable, comportait LA fausse note. Parfois la seule du morceau.
Il souriait et me disait que j'avais l'art de saboter la musique et de laisser la pire impression qui soit.

Cette année 2014 qui s'est terminée hier soir, a été à l'image de mes prestations pianistiques. Elle a été riche de tas de hauts, de bas, de rires, de larmes, de projets, et s'apprêtait à se terminer sur un ton optimiste et léger, quand tout à coup, la pendule a marqué 10h du matin, et que la note qui vient tout gâcher a été jouée.
Le peintre qui donne un coup de pinceau malheureux, le poète qui rime de travers, tout ça peut se corriger et il n'en reste plus trace. Le musicien qui place un "pain", lui, ne peut pas arrêter le temps et revenir en arrière.

Aujourd'hui, et pendant un bon mois, nous allons tous échanger des phrases "meilleurs voeux, bonne année, que 2015 vous apporte etc..." Plus ou moins automatiquement, plus ou moins sincèrement. Mais toujours aussi inutilement, hormis le plaisir de constater que vous figurez encore sur quelques listes de voeux. Ce n'est malheureusement pas ça qui vous empêchera de tomber malade, de passer une année merdique, de prendre des kilos ou de vieillir prématurément.

La nuit dernière, j'ai entendu des bruits au dehors. J'ai regardé l'heure: minuit. Et puis les minutes ont défilé, sans qu'aucun message de bonne année ne me parvienne, par quelque canal que ce soit. Saud peut-être une voix extra sensorielle que je n'ai pas su détecter...
Et ce matin, trois emails "automatiques " sur mon écran, dont un de l'Urssaf. Qui a la délicatesse de ne pas y inclure de voeux.